Cher·es spectatrices et spectateurs,
L’association loi 1901 Ciné 9 s’emploie à défendre et promouvoir le cinéma d’auteur et le cinéma Art et Essai dans les salles de cinéma de l’Ariège. Cette association est ouverte à tous·tes depuis sa création en 2005 et les adhérent·es sont un soutien essentiel à ce projet culturel.
Grâce à ces adhérent·es, ses spectatrices et spectateurs et ses différents soutiens, cette association peut mener à bien une ligne de programmation exigeante et une politique d’animation active : soirées débats avec réalisatrices, réalisateurs ou intervenant·es, ciné-concerts, mini festivals …
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Il est rappelé que les projections et les animations sont ouvertes à tous·tes,adhérent·es ou non.
Nouveauté à Tarascon !
Avec la carte d'adhérent à Ciné9, vous pouvez bénéficier d'un tarif réduit à 5€ la place (au lieu de 7€)
pour tous les films projetés au cinéma de Tarascon.
Ange, voyageur solitaire et ethnologue de profession, doit pour rembourser sa dette, mettre le cap sur les bords de la Méditerranée. Alors qu’il a pris les routes au volant de son vieux van telle n’est pas sa surprise quand il retrouve cachée dans le coffre sa fille de 17 ans dont il vient à peine d’apprendre l’existence.
de Tony GATLIF
France, 25 juin 2025, 1h37
Les Cahiers du Cinéma :
Ange trouve sa légèreté entre les répliques, dans l’équivalence qu’il établit entre le mouvement de la mise en scène et celui de la musique. Un plan le suggère, qui place une cassette audio, tournoyant comme une bobine, à gauche de l’image. Mais c’est surtout dans la force rythmique des gestes d’Ange que réside la meilleure proposition du film.
Les Inrockuptibles :
Le plaisir du film, un road movie, réside dans toutes ces musiques, pas toujours gitanes d’ailleurs, que collecte Ange sur sa route – on reconnaît par exemple le génial André Minvielle, chanteur occitan, en compagnie de sa fille. Après maints tours et détours, Ange et Solea se connaissent mieux, et retrouveront, ou pas, ce fou de Marco. Ce voyage joyeux à travers les musiques, les affiches et les costumes de flamenco est à la fois désordonné et très contruit, comme beaucoup de films de Tony Gatlif, très grand connaisseur de ces cultures. On a envie de danser, d’être libre. Même si ce voyage vers Marco, par petites touches délicates, suggestives, sans trop insister, ressemble aussi à un dernier pélerinage vers la jeunesse éternelle.
À Dublin, Edward, un romancier introverti au grand cœur, touche enfin du doigt le succès. Mais alors qu’une prestigieuse tournée promotionnelle se profile, il doit s’occuper, le temps d’un week-end, de quatre femmes âgées hautes en couleur – dont sa propre mère. Entre situations improbables et révélations émouvantes, cette cohabitation imprévue pourrait bien changer leur vie.
de Darren et Colin THORNTON
Irlande, 2 juillet 2025, 1h29
Les Inrockuptibles :
Si nos cinéastes s’inspirent du film italien de Gianni Di Gregorio Le déjeuner du 15 août, ils installent leur histoire dans la banlieue dublinoise et en restituent toute l’âpreté. Dans cette maison au décor suranné, Edward endure sans broncher d’abord les remarques fielleuses de sa mère transcrites à l’aide d’une tablette à la voix robotique. Viennent ensuite les exigences de ses hôtes imposés entre caprices alimentaires, incompréhension mutuelle et proximité délicate. Un décor sombre bientôt égayé par les vidéos ensoleillées et festives postées par ceux qui ont abandonné Edward à son sort. Pourtant, aucune idée de rancœur ne vient entacher ce récit qui incite chacun à prendre à bras le corps la vie, l’amour, la mort sans faux-semblants. Car ces quatre mamies à l’apparence d’abord peu aimable se révèlent bien moins séniles et bien moins aigries qu’elles n’en paraissent et leurs confidences sur leurs drames et frustrations, leur facétie et leur désir d’avenir les humanisent peu à peu.
Leurs parcours et réflexions permettent à cet introverti d’Edward d’ouvrir son cœur et d’accepter certaines douleurs mal évacuées, tandis que l’épicurisme de la communauté gay à laquelle appartiennent tous ces jeunes gens célèbrent les plaisirs de la vie, faisant de cette comédie intergénérationnelle un exemple salutaire d’échanges et de transmission. Emportés dans une mise en scène fluide, nos acteurs nous régalent de leur dialogues pétillants. James McArdle (vu dans Sexy Beast prête toute sa douceur à son personnage tendre et maladroit juste taillé pour mesurer la puissance du jeu de Fionnula Flanagan, maillon fort d’un quatuor à l’énergie communicative.
Sans en avoir l’air, cette comédie dramatique que l’on pourrait aussi qualifier de drame comique interroge sans caricature ni grandiloquence sur la place réservée aux plus âgés dans nos sociétés modernes dévorées par le jeunisme.
LE BLEU DU MIROIR :
C’est un scénario éminemment personnel pour les frères Thornton (Darren, réalisateur et scénariste, et Colin, scénariste). En 2016, tandis que leur premier film A Date for Mad Mary allait sortir en salles, leur mère a été diagnostiquée d’une maladie dégénérative. Les deux fils ont alors décidé de retourner auprès d’elle pour lui apporter tout le soutien dont elle avait besoin. Dans le film comme dans la réalité, la mère a perdu sa voix et est contrainte de s’exprimer grâce à l’aide d’une tablette. De nombreuses scènes humoristiques dans le film viennent justement des réponses acerbes et incisives d’Alma, elle qui n’hésite pas à se montrer désagréable alors que son fils se démène tant bien que mal pour rendre la cohabitation avec les trois autres femmes la plus agréable possible.
En 2015, le sud du Népal est secoué par la révolte légitime du peuple Madhesi. Tandis que les manifestations enflamment les rues, deux jeunes garçons sont kidnappés. Pooja, l’une des rares femmes détectives du pays, est dépêchée de Katmandou pour élucider l’affaire. Troisième long-métrage de Deepak Rauniyar, figure de proue du cinéma népalais, Pooja, Sir est un captivant polar, éminemment politique. Également coscénariste, l’actrice Asha Magrati incarne avec brio son héroïne queer.
de Deepak RAUNIYAR
Népal, 23 juillet 2025, 1h49
AvoirAlire :
Être une femme flic au Népal ne doit pas être une chose simple, surtout quand on est homosexuelle et qu’on exerce dans un district du Népal qui revendique son indépendance à corps et à cris. Car derrière cet enlèvement crapuleux de deux gosses, dont l’un est le fils du député du gouvernement officiel, il se cache des intentions bien au-delà du seul désir d’argent. Pooja, Sir se résume ainsi en une ligne, et pourtant, il s’agit d’un film bien plus complexe que les apparences, où sont traitées, de façon spectaculaire, la situation méconnue du peuple népalais, la manière dont ce pays gère les discriminations et les formes de corruption qui étranglent la population.
Le récit est ainsi porté par l’officier Pooja qui partage sa vie auprès de la femme qu’elle aime, un père malade et un boulot difficile et contraignant. Elle arrive de la capitale du Népal pour résoudre cette affaire étrange d’enlèvement de deux enfants, en plein contexte de révolution populaire dans la province du Madhesh. On sait que ce pays est habité par des populations très hétéroclites en matière de langues, modes de vie et appartenances ethniques. Le gouvernement cherche par la réglementation à unifier la pays autour d’une identité commune, ce qui, ici, génère des conflits majeurs pour faire valoir les spécificités culturelles de chacune des régions. Les Madheshi sont sévèrement réprimés par les autorités, même si la loi de 2015 leur assure théoriquement une certaine autonomie administrative.
RTS Culture :
Avec une mise en scène stylisée, le cinéaste Deepak Rauniyar vise le réalisme dans "Pooja, Sir". Polar, féminisme et discrimination cohabitent, tout comme l'aspect social et politique, grâce au personnage de Pooja, incarné par l'actrice Asha Magrati, également co-scénariste du film.
Figure de proue du cinéma népalais, Deepak Rauniyar est le réalisateur de "White Sun" (2016), sur la guerre civile qui a déchiré son pays, et "Highway" (2012), sur les tabous de la société népalaise. Avec "Pooja, Sir", le cinéaste signe un thriller où chaque rebondissement éclaire une facette de l'injustice et pose un regard sur les tensions interethniques et l'oppression des femmes.
Ankara, 1999. Arzu enchaîne les appels tarifés dans le call center érotique où elle travaille. Quand un séisme soudain frappe Istanbul, un jeune homme avec lequel elle était en ligne est pris au piège sous des décombres et la supplie de le sauver. Arzu saurait bien qui appeler... au péril de sa propre vie.
de Çagla ZENCIRCI et Guillaume GIOVANETTI
France Turquie, 6 août 2025, 1h16
Avoir Alire :
C’est un film court, ramassé, à l’image du seul lieu où il se déroule, à savoir les bureaux étroites d’une hotline à caractère sexuel. Les hommes de tout âge appellent et se répandent de fantasmes, d’injures ou parfois simplement de confidences auprès de ces écoutantes d’un genre particulier. Elles ne sont pas prostituées, juste là, au bout d’un téléphone où résonne toute l’ignominie humaine, de surcroît masculine. Arzu (il s’agit de son nom de scène, si l’on peut dire ainsi) enchaîne les conversations téléphoniques, pour le grand bien de son patron harceleur qui encaisse le prix faramineux de ces minutes érotiques. Puis soudain, les murs tremblent. Istanbul vient de subir un tremblement de terre dont les conséquences sont si terribles que les secousses se font ressentir jusque Ankara. Et au bout du fil, à ce moment, un jeune de quinze ans, qui va se retrouver entre la vie et la mort, sous un monceau irrespirable de pierres.
On se souvient encore du film danois The Guilty (2018) ayant pour lieu un centre d’appel de police, axé sur la sécurité d’une femme kidnappée qui était parvenue à appeler les secours. Le danger vient ici d’un tremblement de terre, avec pour corollaire un mystérieux carnet rouge où sont en jeu un procureur célèbre et des trafiquants dont on imagine qu’ils seront les seuls capables de sauver le jeune homme sous les décombres. Mais le vrai sujet de cette rescousse demeure le destin même d’Arzu qui doit composer avec l’emprise masculine sous toutes ses formes, qu’elle émane de ses confidents au téléphone ou de son environnement professionnel et familial.
Ciné europa :
Intense, sans concession et claustrophobique, à la lisière du cauchemar, le film oscille entre un réalisme brut étouffant et une distance symbolique sous-jacente (un des personnages clés écrit d’ailleurs un scénario). Jouant sur le motif du double, les cinéastes dénoncent frontalement l’hypocrisie masculine, la violence sous les masques, la corruption des élites, la contamination toxique des jeunes générations ("toute sa vie, elle aura peur des hommes et je me demanderais si mon fils ferait pareil") et le climat général (la peur, l’asservissement, les secrets coupables, "le pire, c’est oublier qu’en face il y a un autre humain"). Cela fait parfois un peu beaucoup pour un seul film aussi tendu (76 mn), mais le final emporte le morceau et l’adhésion pour une oeuvre téméraire portée par une héroïne moderne qui sait que "fuir n’apporte de bonheur à personne" et que "même seule, le personnage féminin peut devenir elle-même".
2023. Sano, qui a perdu sa femme, Nagi, il y a peu, retourne dans l’hôtel de bord de mer à Izu, dans lequel il l’avait rencontrée. Accompagné par Miyata, l’ami qui voyageait alors avec lui, il demande à la réception s’ils ont trouvé une casquette rouge, qu’il aurait perdue en 2018.
de Kohei IGARASHI
Japon, 16 juillet 2025, 1h34
Ciné europa :
Commencer par la fin d'un amour puis nous le raconter avant même qu'il ne soit né est une manière de remettre au centre de l’écran la joie et les belles choses vécues, après un incipit dramatique. À un moment, Super Happy Forever pourrait évoquer une comédie romantique, si ce n’était ce sentiment de mélancolie qui ne vous abandonne pas, puisqu’on sait déjà comment tout cela va finir. L'alchimie entre les acteurs est tangible : au trio des personnages principaux s'ajoute aussi Hoang Nhu Quynh dans le rôle d'Anh, la Vietnamienne qui nettoie les chambres de l’hôtel, un personnage secondaire qui va s'avérer plus central que prévu. Le tout est représenté avec une grâce qui vous enveloppe, enchante et réconforte.
Abus de ciné :
"Super Happy Forever" est un film japonais délicat, divisé en deux parties, qui conte en deux temps (2023, après le décès de la femme, Nagi, et 2018, au moment de sa rencontre avec Sano) une histoire d’amour dont on ne connaîtra que ces deux moments, seuls les dialogues venant préciser qu’une vraie histoire a eu lieu entre eux. En réduisant à ce moment de la rencontre, raconté par le personnage masculin à table avec deux inconnues (qui s’extasient sur le romantisme de la chose) dans la première partie, puis en permettant de connaître son rapport avec le personnage féminin dans la seconde partie, c’est bien le changement de visage de celui-ci qui est mis en avant.